Vis... vers ÇA?
L’attaque s’annonce forte, bien trop forte... Notre survie à tous tient dans le creux d’une main. D’une main malheureusement vide. Désespérément vide. Une simple poignée de vis, rien qu’elle, nous permettrait de tenir. Qui aurait cru que ces quelques morceaux de fer manufacturés seraient la seule chose qui nous permette de faire tenir un labyrinthe aux portes de la ville ?
Hier déjà, une poignée d’hommes pour une poignée de vis. L’offrande n’était pas suffisante. Comme si les lieux eux mêmes tenaient à notre mort. Alors ce matin, on est sorti plus nombreux. Je vous laisse imaginer la joie qui nous a tous saisis quand Valhal a enfin mis la main dessus. Un espoir, une chance de survie. Peut être la dernière. Probablement la dernière, malgré le plan qui allait avec.
Pour fêter ça, nous les expéditeurs avons pris une bonne bouteille. L’espoir réchauffait nos cœurs et l’alcool nos corps. Quelle joie plus grande que la perspective de voir un nouveau jour se lever ? Bien sûr, le problème de la faim de fred était préoccupant, mais... on verrait demain, puisqu’il y en aurait un...
Et puis... après avoir vidé mon barda en banque, j’ai voulu aller voir Jo. Mine de rien, c’est lui qui nous poussait à sortir. Lui qui s’échinait, avec quelques autres, à estimer les ressources d’énergie de chacun pour rentabiliser aux mieux les efforts de tous pour notre survie commune. Ce sentiment de victoire, c’était un peu le sien. Je n’ai pas cru tout de suite ce que je voyais. Une scène de lutte dans sa maison. Enfin, le terme lutte n’est pas vraiment approprié. La lutte implique que les deux protagonistes rendent les coups, ce qui n’était pas vraiment le cas. En l’occurrence, l'agresseur semblait arracher la chair de sa victime, plutôt que de la frapper. L’arracher et s’en repaitre, plus précisément.
Je me suis figé, ai tourné les talons pour avertir les autres. Mais avant que je ne rejoigne la place, j’ai buté dans Fred. Son regard trahissait son envie de sang, mais il était dirigé vers la maison de Jokirby. Il a attrapé mon poignet, serré jusqu’à ce que je desserre mon poing. Il m’a fourré une de ses capsules dans la main. Pas besoin de mots. De plus, une ombre parmi les ombres, intangible mes bien présente, me soufflait de faire la justice. De ne pas attendre que mes atones compagnons débattent du jugement. L’assassin ne devait pas s’en tirer. En aucune façon. J’ai hoché la tête, avalé la drogue, et foncé.
J’ai sauté sur Bulot au moment où il sortait. Il ne m’a pas vu venir. Ni moi, ni mes poings. Droite, gauche, droite, gauche. Puis les pieds, quand il fut à terre. Un voile de rage et de colère alcoolique brouillait ma vue et mes perceptions. Les gargouillis suivant les chocs sourds de mes coups, les râles de souffrances me parvenaient comme étouffés par de l’ouate. La couleur du sang sur le sol affadie par un rideau de tulle. Puis le silence. Une pression légère mais ferme sur mes épaules. J’ai cillé.
Un moment plus tard, j’étais de nouveau maitre de moi. Je me suis levé, ai adressé quelques mots à Fred avant de pénétrer dans la maison.
“Débarrasse toi du corps.”
Un sourire carnassier fut sa seule réponse. Je savais ce qu’il allait faire, et j’ai fait le ménage chez Kirby. Quand je suis sorti remettre la plaque de bois en banque, seules quelques traces rougeâtres témoignaient de la violence de la bataille devant la porte. Et une dent. Bien plus pointue qu’elle n’aurait du. Je l’ai ramassée, et suis rentré chez moi sans plus adresser la parole à quiconque. La rage bouillait toujours dans mes veines, mêlée à la satisfaction de la justice rendue. Les nombreux visiteurs du soir ? Je les avais oubliés...
Tolki