Gloire et honneur !
Machinalement la ville se réveillait, s'organisait.
A la fin de l'attaque des hordes, dès que les cris sourds aux portes et les coups sur les murs renforcés avec acharnement la veille cessèrent, les expéditeurs partirent, dans l'espoir de trouver une hypothétique tour, dont tous rêvaient pendant le trop court temps de sommeil qu'il leur était possible d'avoir.
Whisky ! meuglèrent les acharnés de la taverne, où certains passaient prendre un remontant matinal, quoique l'aube fût encore loin, avant de se rendre dehors, tout près de la ville, là où la présence des morts ne se faisait pas encore trop fortement ressentir, pour y creuser et ramener en ville de piètres ressources.
Incrédules, certains pessimistes constatèrent avec stupeur que l'application du dur plan de la veille et les efforts aux chantiers n'avaient pas étés vains, et qu'il n'y avait aucune victime de plus parmi nous.
Enthousiastes, les ouvriers s'en donnaient à cœur joie, les copeaux valsaient dans tous les sens dans l'atelier tandis que les planches et les poutres se formaient sous les coups de scie vigoureux des gardiens et que les œufs et les légumes étaient hâtivement ramassés et rangés en bon ordre, en vue de servir à de futures expéditions.
La journée se déroula, longue et chaude. Les expéditionnaires peinaient durement dans le désert, creusant et repoussant difficilement au loin les morts en maraude, et ce malgré leurs vaillants boucliers.
Ahurissant de penser que certains y arrivaient sans.
Plutôt que de se cacher et de tenter de survivre en nuisant au groupe, la goule, trader, avait décidé de révéler son état, et avait reçu de la part de toute la ville du soutien et de l'aide pour cette dure épreuve.
Las, constatant que ce réconfort ne comblait en rien sa faim, il s'était résigné,plutôt que de se résoudre une fois encore au cannibalisme, à disparaître dans le désert.
Ulcérés par ce fait, certains retournaient le désert en quête de restes d'hommes aptes à le sustenter, afin de ne pas se priver de sa présence fétide mais appréciée.
Sans crier gare, la nuit tomba sur notre gouffre des damnés.
Boucliers dressés de tous les côtés, les braves rentraient de l'expédition, formant une tortue impénétrable pour les morts.
Encouragés par des vivats, certains d'entre eux traînaient derrière eux les restes décomposés d'un corps, sans doute un voyageur de passage dans notre accueillante région ...
La goule, à cette vue, se jeta voracement sur le corps, dont il ne resta bientôt plus que les os.
Les chiens hurlaient à la mort dans le lointain, augures d'une nuit horrible.
Encore une journée passée dans la cohésion et l'entente à lutter contre les hordes.
Nous vaincrons !