Origine
Jamais le ciel au petit matin ne me parut aussi beau et serein.
L'air était calme, une douce brise fraiche me caressait le visage tandis que je contemplais ce qu'on avait accompli ces derniers jours. Cette journée serait magnifique. Ou spéciale.
... Peut-être même les deux.
Presque deux semaines que l'on était la... Si peu et pourtant, nous étions transformés. Tous.
On pensait comme des animaux. Les priorités dans nos vies avaient changé. L'instinct de survie avait pris le dessus sur tout le reste.
La nuit passée, les plus petits dormaient, mais une poignée de plus grands, dont moi-même, avons longuement discuté. Nous avons compris la mesure de "
la bêtise humaine", ce que l'on a été, ce que nous sommes devenus, ce que l'on nous a fait et surtout la vérité : on nous a menti.
Ils se sont servis de nous.Il n'en sera pas ainsi, on a décidé d'un plan.
J'ai proposé, on a tous approuvé... Puis je suis allé vomir avant de me coucher. Ne pas dormir, attendre le lever du soleil. Vomir de dégout.
Je repense aux dernières heures. Dark était déboussolé après avoir parlé au mec, il a convoqué tout le monde et nous a appris la vérité. On était sous le choc, lui était bizarre. Il a pris une des webcams trouvées et voulait envoyer un message. C'est Le Chouan qui a eu le réflexe de l'arrêter : si c'était vrai, pas besoin de contacter ces autres qui nous voulaient du mal.
On s'est vengés sur la seule cible qu'on avait sous la main. J'en suis encore écœuré.
[...]
Ça y est. On s'est tous préparés... Le plan est en marche.
Je pensais que certains (dont les plus jeunes) ne voudraient pas le faire, ce sont pourtant les premiers devant la porte, ils y ont même écrit :
[cite]"Nous ne mourrons pas ici; Entre zombies et zombies...plutôt que de choisir, ON VA LES LAISSER TRANCHER !"[/cite]
C'était pas bien original, mais on a tous signé en dessous.
Comme pour narguer notre avenir perdu, Suzy a plongé son tee-shirt sale et déchiré dans l'eau du puits avant de le remettre, prête à partir... Hel ne cessait de la regarder en coin. Puis on a formé un groupe compact, pour mieux repousser ces choses pas très rapides, mais mortellement dangereuses...
Et nous sommes partis sans regarder en arrière.[...]
La clôture de trois mètres de haut était électrifiée.
Elle assemblait des poutres dressées jusqu'au ciel, elles faisaient bien deux mètres au moins et maintenaient un double grillage dans lequel passaient des barreaux horizontaux ayant le diamètre d'un poing fermé...
Les quelques morts-vivants qui s'étaient coincés dedans avaient presque entièrement brulé (ou
cuit comme ont dit certains d'entre nous en riant nerveusement). Ils bougeaient pourtant encore, mais étaient inoffensifs. Pas comme la horde qui commençait a s'avancer vers nous... Les premiers nous suivaient lentement depuis la ville.
- Sont courageux ! marmonna Ribaute.
Ou vraiment affamés...On aura le temps.
On a commencé a attraper une vieille souche assez solide pour s'en servir de bélier.
On s'y est mis à plusieurs pour la soulever, Zmx (un des plus costauds) était devant. Au bout du 7eme coup, la clôture s'est inclinée, au 13eme elle a basculé, ouvrant ainsi un passage large d'environ un mètre.
Zmx a été le seul assez courageux pour se porter volontaire : il allait tenter de bloquer la brèche le temps que nous puissions courir et prendre de l'avance... Ça a été pourtant le premier et le seul à changer d'avis au dernier instant.
Quelle folie !Il nous a dit qu'on allait tous mener le monde à sa perte, tuer nos amis, nos familles. Il s'est mis en travers de notre route.
[...]
Quand Gagounov a hurlé, au début on a tous fait de même... Certains pour protester, d'autres pour se donner du courage, les plus petits, eux, criaient juste pour faire comme le groupe si soudé que l'on a été jusqu'ici.
On ne s'est pas rendu compte que lui hurlait de douleur, pas de suite en tout cas.
Et sans doute trop tard.Colombus et moi nous sommes regardés une seconde, puis on a couru dans la brèche, renversant le traitre au passage. On a couru droit devant nous. Couru jusqu’à épuisement, ivres de fatigue, mais sous ce soleil de plomb, dans le désert, on a pas été bien loin.
Au loin derrière nous retentissaient encore les hurlements.Stan