L'Ultime Combat des Héros
Nous étions un petit groupe à ne pas avoir franchi la brèche de la clôture. Nous nous étions réfugiés dans une sorte de poste militaire : sombre, en ruine, mais quelque peu rassurant…
Il y avait
Kayamina,
Coco,
Grythemer,
Cord, et moi. Nous avions toujours été discrets, et considérés comme associaux, de vrais ermites quoi… Cela nous avait aujourd’hui permis de nous exfiltrer assez facilement sans nous faire remarquer. Du moins c’est ce que nous espérions…
Notre refuge nous permettait d’observer tout ce qui se passait autour de la clôture du camp. Certes nous aurions dû organiser notre défense, mais l’horrible spectacle auquel nous assistions nous captivait et nous empêchait de faire quoi que ce soit.
Les autres enfants étaient coincés entre 2 types d’ennemis. Du côté du camp les
« adultes » à la démarche lente et anarchique, avec des yeux manquants ou des yeux qui sortaient des orbites et pendaient, et avec un trou à la place du nez… Ils étaient au moins 2000… Et du côté de l’extérieur du camp,
les sortes de policiers super baraqués, avec leurs tenues de protection et leurs boucliers rutilants. Eux étaient environ 40. Un policier en parlant dans un haut-parleur a demandé aux enfants de se rendre. « Nous avons des armes, et nous ne nous rendrons pas ! » ont crié en chœur les enfants.
Les enfants avaient apparemment préféré s’attaquer aux policiers. C’était en effet le meilleur moyen pour pouvoir espérer retrouver le monde extérieur. Les policiers étaient certes avantagés physiquement, mais ils n’avaient pas vécu 2 semaines dans l’horreur la plus totale. Les enfants étaient sans pitié. Les plus petits se glissaient sous les boucliers et coupaient les jambes des policiers à la tronçonneuse. Les plus grands balançaient des bombes qui explosaient sur les têtes des policiers. (J’avais jamais vu d’œil voler jusqu’à aujourd’hui…). Les autres se servaient des pistolets lanceurs de piles qu’on avait fabriqués : les piles ricochaient contre les boucliers et perforaient les organes des policiers. Il y avait des giclées de liquide vert, de sang, de merde… Et le groupe des « adultes » chelous attrapait et se délectait de tous les liquides et membres divers qui volaient…
A un moment, le mec avec le haut-parleur a commencé à insulter les policiers et à leur dire de quelle honte ils allaient se couvrir s’ils n’arrivaient pas à maitriser cette trentaine d’enfants…
A 7 heures du soir, la nuit tombante, ces enfants qui n’avaient pas mangé ni bu depuis la veille résistaient encore aux policiers malgré la chaleur, la faim, la soif. Ils avaient au moins neutralisé la moitié du groupe des policiers, et peu d’enfants étaient au sol.
La situation devenait pourtant critique. Le groupe des adultes bizarres s’est réveillé d’un coup et s’est jeté sur la foule. Les enfants ne pouvaient plus se contenter de résister, ils allaient devoir jeter leurs dernières forces dans un acte suicidaire. Cet acte se tourna naturellement vers les miliciens, pour fuir le « troupeau » d'adultes bizarres. [C'est à ce moment là qu'on est descendus de notre cachette : on a pensé qu'on ne pouvait pas laisser nos amis comme ça. On s'est mêlés à la bataille, parce qu'il le fallait.
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La rage des enfants était si forte que même lorsqu’ils n’eurent plus de munitions, ils continuèrent le combat à mains nues, ou à l’aide de couteaux pour ceux qui en avaient. C’était un vrai carnage. Quelques enfants furent happés comme des bêtes en arrière, mais la majorité d'entre-eux avait réussi l'impensable : faire une brèche parmi les miliciens, et transpercer leur groupe. Les enfants se retrouvèrent devant un bâtiment affublé d'un logo « MT-V ». Ils réussirent à y pénétrer et s'y renfermer, à la barbe des miliciens apeurés, et littéralement dévorés par la horde qui les submergeait.
Les adultes bizarres attrapaient leurs proies par le cou, leur arrachaient le cœur et le bouffaient, avant de passer au suivant. Encore et encore. On entendait des cris, c’était horrible… En moins de trente minutes il ne restait plus aucun policier en vie. Que des tas de cadavres à moitié dévorés… La horde se trouva amassée devant la porte blindée du bâtiment où s'étaient réfugiés les enfants.
Les enfants filèrent dans les étages, suivant leur instinct, cherchant ce qui ressemblerait le mieux à une cachette sécurisée. Leur seule trouvaille fut une salle rempliée d'écrans de télévision. Tous restèrent en arrêt devant ce « spectacle » déboussolant. Les petits écrans devant eux montraient des scènes d'on ne sait où. Apparemment, d'autres avaient vécu un drame semblable au leur. D'autres avaient été abusés par des caméras.
Mais non, c'était pire.
Les enfants venaient de comprendre. Ce qu'ils voyaient sur ces écrans, c'était ce qui se déroulait en ce moment même, à différents endroits. Cette révélation glissait le long de leur nuque, de part en part. Une sueur froide. Un groupe d'une vingtaine d'adultes encapuchonnés semblaient se défendre en vain, assaillis de toute part par des zombies. Un autre groupe semblait encore plus en perdition, des pelles à la main pour seuls objets de défense. Sur le troisième écran de contrôle, un autre groupe semblait se défendre un peu mieux, aidé d'un petit troupeau de chiens blancs. Mais leur destin semblait tout aussi inéluctable...
Les enfants entendirent alors la porte du bâtiment céder. « Ils ne nous avaient pas oubliés ».
Les enfants, au bout de leurs forces, savaient que le spectacle qu'ils regardaient à travers ces images sordides, allait bientôt devenir leur réalité, à eux aussi.-------
Levant la main, j’ai alors juré de me défendre jusqu’à la mort. Les derniers survivants prêtèrent le même serment. Avant l’arrivée des zombies nous avons tenu à graver sur le mur de cette « cachette », l'inscription suivante : «
Nous fûmes 40 à avoir été victimes de la bêtise et du voyeurisme humain. Probablement plus même. Ici nous nous sommes opposés à l'impossible. La vie plutôt que le courage nous abandonna. » Suivi des noms des 40 enfants et de la date d’aujourd’hui.
Les zombies ont alors pénétré dans notre pièce, et se sont alors dirigés droit sur nous, couverts du sang et des entrailles de nos camarades...