L'avis de la ville
Plus, plus plus, toujours plus. Aujourd’hui je les pousse à accumuler les richesses. Mais où est la richesse dans une pile broyée, une souche pourrie, me direz vous. Je vous répondrai ceci. Le bonheur est possession. Qu’importe la chose, tant qu’elle est à moi. Oui, à moi, et à moi seul, moi le Bidonville grave. Ma banque hurle, crie, réclame qu’on la remplisse, telle un dieu antique, telle un Moloch réclamant des sacrifices.
Mais les capes sont fourbes, elles tiennent à leur discrétion. Depuis deux jours, elles n’ont pas cessé de prendre en moi le meilleur de ce qu’elles y déposaient. Ces plans qui assureraient ma grandeur, ils refusent de les lire, de les mettre en œuvre. Ils me refusent ce droit, de grandir, de prospérer et de régner sur le monde ! Mais ils ne savent pas ce qui les attend, ces éclaireurs... Si d’aventure ils ne me satisfont pas... Je garderai ma porte bien ouverte, attirant ceux qu’ils craignent par dessus tout. Laissant entrer en moi ceux qui chaque soir me supplient à genou, voire même à fémur où à hanche de les laisser me pénétrer.
Mais voilà le soir. Voilà la nuit qui s’avance. Je frémis en pensant à ce qui va se passer. Le goût du sang vaut presque la satisfaction d’une banque pleine.
Tiens, ils ont dû le sentir. En une lente procession, les voilà qui s’approchent, les uns après les autres, déversant en moi tout leur être. Ma banque se remplit et enfle. C’est tellement bon. Les plans rejoignent mon giron. Bien, très bien... Ils agissent en héros pour mon plaisir. Oui !
Mes appétits sont satisfaits... Aujourd’hui je les laisserai vivre.
tolki