Tergiversations
Le Corbeau dit "Que la terre s'aâÂâssèche : que l'herbe faâÂâne sans plus de semence et les aâÂârbres fruitiers meurent sur la terre sans plus donner de fruits.
Le Corbeau dit "Que les eaux dispaâÂâraissent, et que des oiseaux noirs volent au dessus de la terre. Que la terre produise des êtres morts-vivants : qu'ils dévorent bestiaux, bestioles, bêtes sauvaâÂâges selon leurs espèces" et il en fut ainsi.
Le Corbeau dit "Multipliez vous et emplissez la surfaâÂâce de la terre." et Le Corbeau vit que cela était bon.
Il y eut une attaque, il y eu un matin, ce fut le sixième jour.Le livre poussiéreux des "Steppes du roi corbeau"
Genèse I.A.1 La première sensation fut celle de la terre contre mes lèvres. Dans la bouche. Pendant ces quelques secondes, un sentiment de panique m'envahit, me poussant à me débattre pour sortir de cette fosse mortuaire. C'est là que j'ai senti les courbatures, preuves matérielles que j'étais toujours vivant. Au loin, les zombies refluaient comme la marée, après avoir tenté en vain de faire chuter nos murs. J'ai contemplé ce spectacle un moment, avant que la fatigue ne m'emporte.
Je n'étais pas sûr de me réveiller. Ou alors comme eux. Peut-être qu'en fin de compte, ce sont eux qui ont de la chance. Je déteste ceux qui en ville nous disent "Ne vous en faites pas, tout va bien se passer". Mon cul oui. Les zombies, ils vivent. Ils s'amusent surement pas des masses, mais ils sont peinards. Parfois, j'aimerais être comme eux. Ou comme Phybz. Il y a des fois, on le prendrait presque pour un zombie. Mais quand il sort, ils essaient quand même de le chopper. C'est difficile de choisir entre la peste et le choléra.
On m'a collé ce putain de livre entre les mains, en me demandant d'y raconter quelque chose, mais je ne sais pas quoi rajouter. J'ai rien à dire, et je doute que quiconque se soucie de savoir que j'ai fêlé ma pelle sur un rocher ce matin. La prose et les grandes idées, ça va bien cinq minutes.
Je fais une pause. Moi et mes trois amis putrides, on en a marre de retourner la terre. Si encore j'avais des graines, je pourrais planter quelque chose, et faire pousser des fruits. Ca serait bien d'avoir des fruits. Un verger, ici, loin de l'agitation de la ville. Les zombies ne mangent pas les arbres ni les fruits, et ils feraient d'excellents épouvantails.
Tout juste rentré. Pas un merci, pas un sourire, rien. Elle est belle la cohésion tient. Je m'en fous qu'ils lisent ces lignes, on a le droit de dire ce qu'on pense, n'en déplaise à certains. J'en ai marre de creuser, j'en ai marre de bouffer de la merde, j'en ai marre de boire une eau qui sent la pisse. Je suis sûr qu'on a un putain de détraqué que ça fait vibrer de pisser dans le puits. Si je le choppe, je l'entaillerai devant Phybz. Ouais, c'est une bonne idée ça. Et puis, comme tout le monde le lira, t'es prévenu aussi, espèce de pervers. Je laisserai Phybz se jeter sur tes entrailles, et crois moi, personne ne l’arrêtera.
Je dois quand même consigner ici ce qu'on a fait. Un scrutateur, pour trouver des objets dehors, et une cartographie complète des alentours de la ville. C'est sûr qu'avec ça, on va aller loin. Et comme ils disent tous, si vous trouvez ces mots, c’est qu'il ne reste pas d'espoir dans les Steppes du Roi Corbeau. C'est un leurre. Ils nous mentent pour nous obliger à nous tenir tranquille.
Compte tenu de notre décision commune, nous ne raturerons pas les impressions de AkouChan. Tout va bien, simplement un peu de surmenage de sa part. Nous allons nous en sortir. Il reste de l'espoir dans les Steppes du Roi Corbeau.
Registre des Steppes du Roi Corbeau, sixième jour.