La Mère de toutes les Âmes
L’endroit était sombre et lugubre. Seule une lumière diffuse provenant de la lampe à pétrole semblait guider les pas des formes alentours. Celles-ci flottaient dans les airs tout comme des milliers de petits points à peine plus lumineux les uns que les autres.
Il n’y avait pas de bruit. C’était plutôt un murmure collectif sourd et lancinant ; une sorte d’addition d’âmes qui se lamentent. La surdité provenant des champs de bataille ; accumulée pendant des milliers d’années de survie et de conquêtes.
Tout à coup, une voix dure et glaciale fit stopper la mélopée.
- « Adès, laisses ce chien tranquille !!! Il garde La porte pour que personne puisse s’échapper.
Tu joueras avec lui demain. Il est tard et c’est l’heure de dormir. »
Une ombre difforme s’approcha de La voix. Elle grognait et bavait encore de l’excitation produite en jouant avec le molosse.
-« C’est bien. Je vais te raconter uns histoire pour t’aider à t’endormir. Ça te ferait plaisir ? »
Pour seule réponse, La voix n’entendit que le grognement inaudible et incompréhensible de l’enfant qui s’emmitoufla sous les peaux qui servaient de couverture.
La voix débuta son histoire :
« Il était une fois dans une contrée très très lointaine, un lieu bien étrange où vivaient des êtres qui ne l’étaient pas moins. Ce lieu était inhospitalier et balayé par les vents chauds du Sud. Cet endroit peu propice à la vie mais « voué » à la survie s’appelait Hordes.
Des êtres que l’on nommait hommes tentaient chaque jour de faire face à l’aridité du sol, à la chaleur du soleil et au sable qui gagnait du terrain à cause des vents environnants.
Les hommes se divisaient en communautés. Mais de toutes, c’était celle des gardiens qui remportait les honneurs. Forts de leur bouclier, ils n’hésitaient pas à braver les dangers de l’extérieur au péril de leur vie pour la survie du groupe.
L’organisation s’installait dans le campement de misère fait de bric et de broc trouvés ça et là au détour d’une marche fastidieuse et harassante dans le désert.
Certains sortaient pour aller chercher les ressources nécessaires pour améliorer la solidité du campement en fouillant le sol pour lui arracher ses maigres richesses.
D’autres partaient encore plus loin à la recherche des vestiges du passé, d’une civilisation disparue.
Enfin, un petit groupe restait dans ce qu’ils appelaient « ville » pour gérer, étiqueter, ranger tout ce qui pouvait l’être dans un local qu’ils appelaient « Banque ».
Cela faisait plusieurs jours que l’euphorie s’installait au sein de cette communauté grâce aux découvertes des uns et des autres, à la satisfaction du devoir accompli, à l’unité du groupe.
Contents de leur misérable existence, ils décidèrent de s’octroyer du bon temps.
Alors un jour, ils prirent la décision de célébrer la journée en la clôturant d’un immense feu de joie en dehors de la ville afin de ne pas risquer l’avenir de la communauté.
Tout le monde s ‘affairait à organiser tant bien que mal ce pique nique géant. Chacun apportait un petit quelque chose pour rendre plus agréable ce moment. Chacun essayait d’amener une bouteille à l‘étiquette douteuse, un frugal biscuit en guise de coupe faim en attendant les retardataires.
Lorsque par un élan d’allégresse tout le monde se leva et se tourna à l’appel de [habitant] qui leur demanda de crier le plus fort que leurs poumons pouvaient supporter « CHIIIIIIIIIIIIIILD », celui-ci immortalisa cet instant par une photo. Puis, ils commencèrent leur festin.
Mais, personne ne fit attention à la nuit qui s’abattait petit à petit sur cette terre de désolation. Aucun ne se rendait compte du danger qui s’approchait d’un pas lent mais sûr.
La MENACE grondait, louvoyait, rampait inexorablement…. »
- « Je vois que tu es déjà endormi mon fils. Je finirai l’histoire demain. A moins que je te raconte une autre histoire d’hommes notamment celles des hommes à capuches qui pensaient pouvoir défier le pouvoir des dieux…. Bonne nuit mon petit, murmura La faucheuse. Il faut que j’aille faire ma moisson d’âmes parmi les ermites…Nous verrons demain le cas des Gardiens…