Le duo
Babacool se réveilla, il lui fallut un moment pour reprendre ses esprits. Il avait une douleur lancinante semblant s’être installée dans sa boîte crânienne en mode squat, mais en tous cas, sa faim semblait apaisée et son ventre ne grondait plus.
Sa langue qui cherchait inutilement à humidifier ses lèvres lui fit prendre conscience qu’il lui manquait plusieurs dents. Une douleur lancinante, si forte qu’il en tremblait et faisait fourmiller ses membres accompagnait chaque effort fait pour retrouver un esprit clair.
- Mon pauvre baba … Si tu savais ce que tu es devenu…
Sursaut.
- Quey ? Quey ? Où es-tu mon amour ?
C’est quand-t-il se redressa qu’il vit un corps, non, pas un corps. Un amas de chair et d’os dispersés tout autour de lui. Il avait finalement dormi dans un abattoir non conforme ? pensa-t-il fugacement.
Explosion.
Babacool s’effondra sur le sol les yeux prêts à sortir de leurs alcôves. Ses neurones, ses synapses, son corps tout entier se rappelait… Il hurla.
- Queyyyyyyyyyyyyyyyyy yyyyyy !
- J’ai choisi le bon chemin mon aimé, ici plus de brume ni de mélancolie. Ici les illusoires instruments de l’honneur deviennent inutiles… Ils ne sont plus que les outils qui mènent à l’extase.
Des larmes de sang commençaient à colorer le visage de Baba de fines rigoles rouges vif sur son visage devenu immonde.
- Quey. Jamais je n’ai voulu ça. Je t’aime. Je t’aimais. Je t’aimerai…
Babacool trouva la force de se lever et de commencer à creuser avec un bouclier. Le sien, celui de l’amour de sa vie ? Personne ne le saura jamais, se dit-il.
Il ne pouvait pas partir sans offrir une sépulture décente à celle qu’il avait, qui l’avait… aimé. Il creusait péniblement quand quelque chose attira son regard. Un os, un fémur ? Et plantées dedans… deux dents.
Rouge.
- Pars vers le Nord. Laisse donc ma dépouille aux corbeaux. L’important c’est toi.
Baba réussit à ouvrir un œil en grattant le sang qui s’y était coagulé. Il ne parlait plus. Il aimait simplement.
- Je n’irai plus nulle part Quey. Je m’habillerai juste de nos rêves.
- - Si j’ai suivi tes traces, c’était parce que je ne voulais pas rester seule Baba. Tu comprends ça ? Le sacrifice est un bel acte, tu dois vivre , murmura Quey.
- Je suis orphelin jusqu’aux lèvres mon amour et heureux de savoir que je te viens déjà…
Noir.
queyrassin