Les Morts
Mur, ville
Et sable,
Asile
Misérable,
Mer dorée
Où erre,
Amer,
Le Diable.
Dans les dunes
Naît un bruit.
Infortune
De la nuit.
Ils brament
Comme des âmes
Qui s'affament
De nos vies !
Leurs râles plus haut
S'approchent trop tôt.
Il fuit, l'homme
Qui raisonne
Voyant son automne
Arriver,... et comme
il se cramponne.
Le malheur l'assomme...
La rumeur le touche.
L'autre la redit.
Il encartouche,
Son devoir le lie.
Tirant sur la goule
Tremblante elle s'écroule
Le sang qui s'écoule
Vient de son ami...
Dieu ! Leurs voix sépulcrales...
Des zombies !... Quel bruit ils font !
Et la peur qui s'étale
Sur toute ma raison
Déjà s'éteint ma lampe,
Et sous mon lit je rampe
Mes deux mains sur mes tempes
Je vais vers l'abandon...
C'est l'essaim des Morts qui passe,
Et tourbillonne en sifflant !
Le vol des corbeaux qui croassent
Nous les rend bien plus effrayants.
Leur troupeau, lourd et rapide,
Remplissant les espaces vides,
De cet immense désert aride
Trouble même les plus vaillants.
Ils sont tout près ! - Tenons fermée
Cette porte, où nous les narguons.
Quel bruit dehors ! Hideuse armée
De tristes corps tout décharnés !
Enclenchons vite le canon
Les remparts vont bientôt céder !
Ils sont partout, ils sont rentrés
Sans intention de compassion.
Cris de l'enfer! voix qui hurlent et qui pleurent !
L'horrible horde, mue par l'excitation,
Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La foule crie et chancelle blessée,
Éparpillés, tant de corps mutilés.
Ainsi ils chassent un repas de sang frais,
Et dans peu de temps, nous disparaitrons...
Héros ! Si ta main m'arrache
A ces impurs démons des soirs,
J'irai proclamer sans relâche
Ton courage, ton honneur, ta gloire !
Fais que dans ces ruines de pierres
Meurent les assassins de nos frères
Et qu'ici soit leur cimetière
Pour laisser revenir l'espoir.
Ils sont passés ! - Leur cohorte
S'envole et part, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein du bruit des blessés,
Et dans les villes prochaines
Frissonnent tous les grands guerriers,
Leurs cœurs remplis de haine.
De leurs troupes lointaines
Le grondement décroit,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr creuser les pelles,
Entendre une voix grêle.
En haut de la tourelle,
Un fou hurle de joie.
D'étranges paroles
Lui viennent alors;
Rien ne le console
Quand s'en vient l'aurore,
Bien trop de cadavres
Recouvrent son havre.
Son constat le navre :
Seul... Ils sont tous morts.
Les ombres funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas;
Leur essaim gronde...
Ainsi, le monde,
Vérité immonde,
Subit leur loi...
Ce bruit vague
Va, s'endort...
Il divague
Sur son sort.
C'est la plainte,
Presque éteinte,
D'une étreinte
Avec la Mort.
Il doute
La nuit.
Il écoute...
Tout fuit,
Tout passe.
L'espace
Efface
Les bruits...
'Sha